Bienvenue sur le site internet de l’Ecole Doctorale Gestion des Ressources Naturelles et Développement de l’Université d’Antananarivo
Contexte de la formation
La problématique du développement (financements nationaux ou internationaux) des pays du sud, en général, et de Madagascar en particulier est centrée sur l’importance de la conceptualisation souvent importée et qu’on impose d’une manière directe ou indirecte aux institutions étatiques ou les ONG.
La conceptualisation de projets de développement n’est pourtant pas assurée d’atteindre ses objectifs si elle n’englobe pas la dimension culturelle, qui elle, est propre à la nation, en conséquence pour Madagascar de la culture malgache.
C’est ainsi que se justifie l’intégration dans différents textes des nations unies (Déclaration du millénaire, Convention sur la Diversité Biologique) d’un certain nombre de concepts d’assimilation de cette dimension culturelle notamment « la participation des populations, la valorisation des connaissances et des savoirs locaux ».
Différentes expériences de projet de développement ou de recherche à Madagascar montrent un nombre important d’échecs qui se manifestent par des résultats concrets difficilement perceptibles.
Ces échecs sont, souvent, occultés par la nécessité de se réorienter par rapport aux nouveaux objectifs définis en haut lieu dans les pays du nord. S’il est vrai en partie que la durée prédéfinie des projets pose un problème dans l’atteinte des objectifs attendus, la piste de la faible implication des techniciens nationaux est, toutefois, pratiquement négligée alors qu’elle peut constituer le petit grain de sable qui enraye toute machine, bien huilée soit-elle. Finalement, le véritable développement est de plus en plus difficile à entrevoir dans ces conditions.
En fait, Madagascar n’a jamais été doté d’un corps de cadre conceptuel dans les domaines de la foresterie, du développement ou de l’environnement à même de contribuer à la construction de normes devant constituer la politique de développement du pays. Les cadres concepteurs du Ministère de l’Agriculture et des Eaux et Forêts étaient longtemps constitués essentiellement par des ingénieurs du GREF (Ecole du Génie Rurale et des Eaux et Forêts)[1] tandis que ceux du domaine de l’environnement n’existaient pratiquement pas.
L’état des connaissances sur la problématique du système agraire (et les façons de la résoudre) est tellement faible que les techniciens[2] de terrain (dans leur grande majorité), pour rester efficace, sont obligés de créer eux-mêmes leur propres données et leurs propres méthodes en fonction de leur capacité de perception de la réalité. Un phénomène d’individualisation des actions s’installe, de ce fait, au niveau des différentes structures nationales de gestion des ressources naturelles inhibant toute tentative de mise en place de règles ou de procédure claire et transparente. L’importance de la part de subjectivité favorise le foisonnement d’arrangements ou de transactions qui se mettent en place pour contourner les règles ou les procédures, si jamais ils arrivent à s’édifier, d’abord, et se pérenniser, par la suite. On parle donc de plus en plus de « mauvaise gouvernance » à n’importe quel niveau dans n’importe quel secteur.
Sans doute le problème n’aurait pas existé si ces techniciens concepteurs pouvaient accroître par la démarche déductive de la recherche une dynamique de développement de concepts locaux et nationaux à même de résoudre des problèmes techniques fortement liés à des enjeux sociaux et économiques. Mais, les grandes écoles, dans laquelle était formée la plus grande partie de ce corps de « cadre conceptuel » et les programmes desquels s’inspire l’enseignement malgache, sont bien moins méthodiques et pragmatiques pour permettre de développer chez les formés les capacités d’analyse et de créativité, primordiales, pour résoudre la problématique du système agraire (dans lequel la foresterie joue un rôle essentiel).
Dans le système de formation universitaire actuel la méthode de recherche s’acquiert par apprentissage sans qu’aucune familiarisation au concept n’ait, préalablement, été opéré. Beaucoup de titulaires de DEA ou même de Doctorat se suffisent d’avoir fini de rédiger un livre que leur directeur scientifique qualifie, souvent, innocemment parfois hypocritement, de « remarquable » sans que l’intéressé n’ait eu aucune notion de ce qu’est la démarche scientifique ni de l’objectif recherché par ses travaux. Il en résulte que les diplômés des universités malgaches deviennent, dans la plupart des cas, plus de la main d’œuvre pour la production de données semi-brutes que de véritables scientifiques. On a, alors, de plus en plus recours à des concepts, et donc à des experts expatriés, qui contribuent à marginaliser les scientifiques et techniciens nationaux, provoquant souvent un phénomène de rejet. Il n’est, dès lors, pas surprenant que les concepts, utilisés dans les grands programmes mais aussi les petits projets, fassent l’objet de blocage par les techniciens même qui sont chargés de leur réalisation.
C’est pour résoudre cet ensemble de problématique que la formation post Universitaire en sciences forestières à ESSA-Forêts et au niveau du département agro-management ont été conçue et testée pendant plus de 20 ans maintenant. Une continuelle réflexion a été menée depuis les années 1980.